Pattes de mouches grillées

Le plat typique du Togo est une pâte faite d’eau et de farine de maïs. J’en avais entendu parler avant d’arriver. J’ai donc mis plein de noix, de fruits séchés et de petits jujubes énergisants dans mon sac à dos pour être sûre de ne pas seulement me gonfler le ventre à tous les repas. J’étais prête mentalement aussi. De plus, comme on fait affaire avec un organisme local VRAIMENT pas cher, je me disais qu’ils allaient inévitablement nous servir ce qu’il y a de moins cher.

À mon grand étonnement, dès le premier jour, ils nous ont exprimé leur désir que l’on quitte le pays avec de bons souvenirs. Alors au lieu de nous dépayser brutalement en nous effrayant avec des plats typiquement togolais, ils préfèrent nous « assimiler graduellement ».

Certes, tous nos plats sont faits à partir des aliments à leur portée, mais la manière dont ceux-ci sont apprêtés est impressionnement réconfortante et gastronomique. Par exemple, il y a quelques jours, j’ai écrasé des petits poissons séchés en les frottant entre deux roches. À l’heure du dîner, on nous a servi un riz avec sauce tomate aux arômes et à saveur légère de poisson. C’était salé, juste assez.

On parle souvent de la grande cuisine française, on parle de plus en plus des cuisines indienne et asiatique, mais la cuisine africaine, on la sous-estime. Notre méconnaissance de ce continent alimente notre imagination qui aime bien croire qu’ils en sont encore aux pattes de mouches grillées, mais on est loin de là. Les gens sont de véritables chefs, nul d’entre nous, Occidentaux, ne sauraient faire autant avec si peu. Ça m’impressionne, ils m’impressionnent.

À quand les stages culinaires en Afrique?

Et puis cette pâte de maïs dont je parlais, je l’ai vue bien souvent accompagnée de toutes sortes de sauces très appétissantes.

•••

Il faut noter que je suis actuellement dans la capitale du pays, Lomé, et qu’ici, il est plus facile de se procurer de la nourriture. Malgré tout, même dans la grande ville et particulièrement un peu plus loin dans les villages voisins, où il n’y a souvent pas d’électricité et où l’eau se fait rare, des gens ont peine à payer quelque chose à se mettre sous la dent. La pâte de maïs est alors pour eux la seule option. Même celle-ci est parfois inabordable. Ça me rend triste d’entendre que c’est leur plat typique. S’ils avaient le choix, s’ils avaient les moyens d’avoir le choix, il en serait autrement.

Chez nous, on parle de malnutrition, ici, c’est de la sous-nutrition. En 2015. Sur la même boule de terre que l’on partage… si inéquitablement.

4 pensées

  1. Ça donne le goût de partager un de tes repas, même petit, pour savourer les arômes de leurs épices…tes différents bonbons d’ici te manqueront un peu …ton défi ici étant d’essayer toutes les nouvelles tendances avec Stéphane 🙂
    Maude a ton bracelet maintenant pour penser à toi tous les jours xxx

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